Burgbor observe la scène, accroupi sur une grosse caillasse, une main
sur son maul et l’autre grattant négligemment son entrejambe. Le vieil
oncle Vorak venait de charger leur adversaire, un immense Tomawak et
quelque chose n’allait pas. Ce n’était pas la charge de tonton qui avait
été effectuée dans la plus pure tradition Whog-Trollienne dite du « Plan A
»… non ! C’était que le Tomawak ne semblait pas s’en être rendu compte ; et ça c’était franchement pas normal. Un truc à faire surchauffer le neurone du Kastar.
« Se pourrait il que tonton soit en fait en train de cogner une vieille
statue ? Il est vieux l’tonton mais quand même ; va falloir lui filer un
molosse satanique si ça continue. », pense en lui-même Burgbor. Remarquez qu’il est assez rare qu’il pense hors de lui-même. Le plus souvent, il ne pense pas d’ailleurs. Finalement, il décide que le mieux est encore d’aller voir ça de plus près. La créature se redresse en lâchant un pet monstrueux, et saute de son rocher en évitant la grosse ratasse qui s’était approché.
Sans doute un candidat au suicide comme on en trouve souvent chez les
créatures proches de la surface. Il fait quelques moulinet avec son arme,
réajuste son casque, met ses burnes en bandoulières puis il se rue vers sa
cible avec la grâce d’un phacochère unijambiste. Une fois de plus, le cri
de guerre de la meute résonne à travers le Hall :
WWWHHHHHHHHHHHHOOOOOGGG TTTRRRRROOOOOOOLLLLLSS
SCHKLONG !
Burgbor regarde son arme ; il regarde l’oncle Vorak ; il regarde
EviL-Roi ; il regarde à nouveau son arme. Un voile d’incompréhension passe
sur son regard qui n’est pas sans évoquer celui d’une vache
lobotomisée.
GRUNT ?! Mille succubes sodomisées !! Qu’est ce que c’est encore que cette nelf’rie de mes burnes de fiottes de bordel à narpies vérolées !
L’est tout dur ce Tomawak ?! Que c’est tout plein d’ferraille autour de lui
et qui s’cache derrière une grosse porte qu’on dirait qu’il emmène sa
tanière avec lui… Qu’la grande Zara m’tripote !!
Joignant le geste à la parole, le Troll glisse sa poigne rugueuse sous
son pagne. Une, deux, trois… ?!? Trois burnes ?! Un court instant le
neurone survolté se met à tourner à toute vitesse dans le vide du crâne de la bête avant qu’elle ne réalise que cette troisième gonade n’est en fait
qu’une fiole de potion qu’il avait stocké ici dans un instant d’égarement.
Une idée germe alors dans son esprit… pas longtemps à vrai dire car on ne peut pas dire que cet esprit soit un substrat très favorable à la
croissance des jeunes pousses d’idées. C’est un peu comme vouloir faire
pousser une rose dans un mélange d’acide et de mercure. Il arrache la fiole et d’un geste rapide l’écrase sur la gueule d’EviL-Roi qui pousse un juron de surprise.
MOUAHAHAHAH ! Burgbor être grand stratège ! Tremble petit Tomawak.
Maintenant toi découvrir fureur des Whog-Trolls.
La stupide créature lève son maul d’un geste assuré et presque aussi
esthétique qu’une diarrhée en au milieu d’un salto en patinage artistique.
L’arme émet un sifflement sinistre en s’abattant sur sa proie en un geste
précis et sur.
SCHKLONG !
?!?!... FOUTRE BURNE DE VULVE SÊCHE DE GOB’LINE SODOMITE…
Nous jetterons un voile pudique sur le flot d’injures qui fut répandu dans
l’espace sonore du Hall à ce moment là. Il y a des torches comme ça, où on se dit qu’on aurait mieux fait de rester hiberner.
En peu de temps, une meute de trolls s’était jetée sur EviL-Roi. A peine
le Tomawak ouvrait il sa gueule pour hurler quelque obscure insulte de son
cru qu’un de ses adversaires en profitait pour lui enfoncer une potion dans
la gorge et l’obliger a en ingurgité le contenu plus ou moins visqueux et
malodorant. Les coups aussi pleuvaient sur l’armure de métal, étrange
symphonie de vaines percussions. Evil-Roi semblait toujours serein au
milieu de toute cette agitation, et le voilà qui se met à creuser une fosse
en y disposant quelques ingrédients détonants.
« Mouarf ! »pense Burgbor (phénomène suffisamment rare pour qu’il mérite d’être relaté en ces modestes pages), « Tom-Tom avoir Calvok qui lui monte au neurone ! Nous tous voir que lui poser piège. Faudrait vraiment être un gob’ stupide pour aller y marcher dessus. »
A ce moment retentit un bruit aussi strident qu’infiniment ridicule
"green">KAAAAAAAAMEHAMEEEEEEEEEEEEEHAAAAAAAAAAAAAAA
BLAOUM
Il y en avait bien un… de gobelin stupide. Une de ces chétives créatures
habituellement craintives… sauf que là, il s’agissait d’un spécimen
particulièrement bien doté par Coh-Ôn-Hâss la déesse de l’insouciance et du geste qui fait rire. La petite forme verte venait de se jeter au milieu de
la mêlée… et au milieu du piège.
Burgbor s’époussette en toussant au milieu de la poussière. Il enlève les
quelques tripes et débris du pauvre « Mr Jack » avant de regarder autour de lui. Le vieil oncle est toujours là, bougonnant sous son casque comme à son habitude. Ceux de la Lune Noire aussi, visiblement un peu étourdis par la déflagration ; et bien sur l’énorme Tomawak, couvert de sang et le visage souriant. Alors le Whog-Trolls lève une nouvelle fois son maul et l’abat encore et encore sur l’auteur de cette farce explosive, et cette fois, il y a comme un craquellement, un fendillement dans l’armure jusqu’alors
imperméable. A son tour, le vieil Oncle se mèle à la dans et constate les
mêmes conséquences.
KROM ! Tom-Tom avoir fini de jouer maintenant. Lui bientôt connaître les chemins de Kahin-Kaha qui mènent à la vilaine face jaune qui brûle les yeux et la peau.
Mais un rire moqueur retentit dans la caverne et l’immense Tomawak
bondit jusqu’à la paroi ; il grimpe avec l’aisance d’un singe malgré son
imposante armure et disparaît par une ouverture dont tous ne savent que
trop bien où elle mène. Burgbor hausse les épaules. Ce n’était pas vraiment ce chemin là qu’il avait envisagé pour son adversaire mais après tout, les voies de Kahin-Kaha sont impénétrables... contrairement à celles de la grande Zâhra-Ouhaïte!
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(jeu de mot débile ^^)